Le sol - Tests
et préparation d’automne
Introduction
L'agroécologie décrit le sol fertile comme un écosystème
vivant. Une infinité de micro-organismes, champignons, insectes, acariens,
vers, etc. cohabitent dans un milieu dynamique dont le support est la terre qui
contient des éléments organiques en décomposition, le humus. Celui-ci, en
combinaison avec les éléments minéraux présents dans la terre, constitue le
complexe argilo-humique lequel, en interaction avec les micro-organismes et autres
animaux, est le vecteur responsable de l'alimentation des plantes par leur
racines.
Comme tout écosystème, pour
être équilibré, doit être diversifié. L'excès ou l'absence d'un élément
constitutif de cet ensemble peut rendre notre sol cultivable moins fertile,
voire stérile. Pour citer un exemple, l'absence de vers de terre empêche
l'aération du sol en profondeur, ainsi que la transformation par leur système
digestif du complexe argilo-humique en éléments assimilables par les plantes.
D'un autre côté, l’excès, par exemple, d'azote dans la terre fragilise le
feuillage et rend les plantes plus vulnérables aux maladies.
Pour
connaitre l’état d’un sol en particulier, une analyse assez complète peut être
réalisée par l’intermédiaire d’un laboratoire spécialisé. Un échantillon de
terre est envoyé pour être analysé. En retour, un rapport complet est obtenu
avec tous les paramètres permettant de visualiser le bilan chimique (pH,
minéraux) et biologique (pourcentage organique, matière sèche, etc.).
Cette
opération comporte un certain coût. Il faut également d’être en mesure de
savoir l’interpréter. Cependant, il n’est indispensable que lorsqu’on démarre
une activité de jardinage sur une parcelle dont on ne connait pas son
historique.
Dans
notre cas, nous travaillons notre terre depuis un certain nombre d’années et
nous avons déjà fait un certain nombre de constations, comme par exemple, que
notre sol est en général assez lourd dû à sa teneur importante en argile.
Cette
caractéristique argileuse présente à la fois des avantages et des
inconvénients. D’un côté, un sol argileux retient mieux l’eau et les éléments
nutritifs. Par contre, il a tendance à compacter, ce qui le rend difficile à
travailler. De plus, s’il n’a pas été correctement soigné avec un apport pertinent
de matières organiques, il n’est pas suffisamment aéré pour permettre le
développement de la vie à son intérieur.
Une
série de tests simples peuvent nous donner une orientation sur l’état de notre
sol afin d’entamer les actions correctrices correspondantes.
Test
de lessivage
Une
terre bien structurée doit contenir des proportions idéales d'éléments minéraux
et organiques. Si c'est le cas, elle est résistante au lessivage provoqué par
les fortes pluies grâce à sa porosité et aux liens forts et intriqués entre ses
éléments.
Un
test fort simple peut nous indiquer si notre sol est bien structuré.
On
prélève une motte de terre près de la surface et une deuxième en profondeur
(environ 40cm). Idéalement, cette opération se fait par carottage, avec un
outil spécifique, mais on peut se contenter d'un plantoir ou une petite bêche.
Les
étapes sont décrites dans les figures ci-dessous.
On
place l’échantillon sur un ensemble entonnoir-récipient (par exemple,
une bouteille plastique coupée en deux, avec le bouchon troué).
Une
petite quantité d'eau est versée sur chaque motte et on attend qu'elle
traverse de l'autre côté vers le récipient.
Idéalement,
l'eau doit ressortir claire pour témoigner une terre bien structurée.
Si
l'eau ne traverse pas, notre sol est complètement imperméable, donc stérile.
Si
l'eau est foncée (elle a pris la couleur de la terre), le sol n'est pas assez
structuré (mauvais équilibre argile-matière organique)
Tests
matière organique et calcium
Sur un
échantillon de terre, on verse quelques gouttes d’eau oxygénée. Après
quelques secondes, un processus d’effervescence doit avoir lieu, avec plus ou
moins d’intensité, suivant la teneur en matière organique. L’absence de
réaction indique un contenu très pauvre en éléments organiques, ce qui implique
la nécessité d’adopter des actions correctives.
Le
même type de test, cette fois-ci avec de l’acide chlorhydrique,
nous indiquera la présence de calcium dans notre terre. Le phénomène
d’ébullition doit être clairement visible.
Le
calcium est un élément indispensable pour le développement du complexe argilo-humique,
avec la contribution de ses ions positifs lors des échanges dans le processus d’absorption par les
racines. Son
absence favorise certaines maladies (cul noir de la tomate, etc.)
Notre
terre est située dans une zone à prédominante calcaire. Le test devrait être
positif.
Préparer le
sol
Afin
de développer la biodiversité dans notre sol, l’agroécologie
préconise trois actions pour l’améliorer et pour le préparer pendant l’hiver
pour la saison suivante.
Favoriser
l’aération et
les canaux internes par l’intermédiaire de plantes à racines très développées.
L’engrais vert (phacélie, moutarde blanche, vesce,
etc.) permet à la fois de décompacter la couche supérieure du sol et de fixer
l’azote de l’air dans ses racines. Un mélange de deux ou trois variétés
différentes agit sur toute la profondeur du sol actif.
L’engrais
vert doit être coupé (laisser les racines) avant floraison et laissé sur place
pour séchage (deux ou trois semaines). Eventuellement, on peut l’enfuir
légèrement dans la terre avec le râteau.
Certaines
variétés (ex. moutarde) résistent bien le gel. Leur croissance est ralentie
pendant l’hiver et peuvent être fauchées au printemps.
Apport
de matière organique
par le compost. Une bonne couche déposée sur notre parcelle (couverte par une couche
de paille) pendant les mois d’hiver favorisera les échanges de microorganismes
ainsi que l’activité des vers de terre qui vont véhiculer les substances
nutritives de la surface en profondeur.
Protection
contre le lessivage par les fortes pluies. Le sol ne doit jamais être laissé
nu. Le paillage (paille, feuilles mortes, gazon, etc.) devient donc
indispensable.
Pendant
la période de plantation, le paillage empêchera le développement de mauvaises
herbes et permettra de réduire les arrosages.
Note :
Si le test calcium s’avère négatif, un apport sous la forme de chaux ou de
dolomie doit être incorporé par labour avant le dépôt du compost.